11 outubro, 2006

virginie despentes de viva voz

J'écris de chez les moches, pour les moches, les vieilles, les
camionneuses, les frigides, les mal-baisées, les imbaisables,
les hystériques, les tarées, toutes les exclues du grand mar-

ché à la bonne meuf. Et je commence par là pour que les cho-
ses soient claires: je ne m'excuse de rien, je ne viens pas me
plaindre. Je n'échangerais ma place contre aucune autre, par-
ce qu'être Virginie Despentes me semble être une affaire plus
intéressante à mener que n'importe quelle autre affaire.
Je trouve ça formidable qu'il y ait aussi des femmes qui ai-
ment séduire, qui sachent séduire, d'autres se faire épouser,
des qui sentent le sexe et d'autres le gâteau du goûter des
enfants qui sortent da l'école. Formidable qu'il y en ait de
très douces, d'autres épanouies dans leur féminité, qu'il y en
ait de jeunes, très belles, d'autres coquettes et rayonnantes.
Franchement, je suis bien contente pour toutes celles à qui
les choses telles qu'elles sont conviennent. C'est dit sans la
moindre ironie. Il se trouve simplement que je ne fais pas
partie de celles-là. Bien sûr que je n'écrirais pas ce que
j'écris si était belle, belle à changer l'attitude de tous les
hommes que je croise. C'est en tant que prolotte de la fé-
minité que je parle, que j'ai parlé hier et que je recommence
aujourd'hui. Quand j'étais au RMI, je ne ressentais aucune
honte d'être une exclue, juste de la colère. C'est la même en
tant que femme: je ne ressens pas la moindre honte de ne
pas être une super bonne meuf. En revanche, je suis verte de
rage tant que fille qui intéresse peu les hommes, on cherche
sans cesse à me faire savoir que je ne devrais même pas
être là. On a toujours existé. Même s'il n'était pas question
de nous dans les romans d'hommes, qui n'imaginent que
des femmes avec qui ils voudraient coucher. On a toujours
existé, on n'a jamais parlé. Même aujourd'hui que les
femmes publient beaucoup de romans, on rencontre ra-
rement de personnages féminins aux physiques ingrats ou
médiocres, inaptes à aimer les hommes ou à s'en faire aimer.
Au contraire, les héroines contemporaines aiment les
hommes,les rencontrent facilement, couchent avec eux en
deux chapitres, elles jouissent en quatre lignes et elles
aiment toutes le sexe.
La figure de la loseuse de la féminité m'est plus que sympa-
thique, elle m'est essentielle. Exactement comme la figure
du loser social, économique ou politique. Je préfère ceux qui
n'y arrive pas très bien, moi-même. Et que dans l'ensemble
l'humour et l'inventivité se situent plutôt de notre côté.
Quand on n'a pas ce qu'il faut pour se la péter, on est sou-
vent plus créatif. Je suis plutôt King Kong que Kate Moss,
comme fille. Je suis ce genre de femme qu'on n'épouse pas,
avec qui on ne fait pas d'enfant, je parle de ma place de
femme toujours trop tout ce qu'elle est, trop agressive, trop
bruyante, trop grosse, trop brutale, trop hirsute, toujours
trop virile, me dit-on. Ce sont pourtant mes qualités viriles
qui font de moi autre chose qu'un cas social parmi les autres.
Tout ce que j'aime de ma vie, tout ce qui m'a sauvée, je le
dois à ma virilité.
C'est donc ici en tant que femme inapte à attirer l'attention
masculine, à satisfaire le désir masculin, et à me satisfaire
d'une place à l'ombre que j'écris. C'est d'ici que j'écris, en
tant femme non séduisante, mais ambitieuse, attirée par
l'argent que je gagne moi-même, attirée par le pouvoir, de
faire et de refuser, attirée par la ville plutôt que par l'intéri-
eur, toujours excitée par les expériences et incapable de me
satisfaire du récit qu'on m'en fera. Je m'en tape de mettre la
gaule à des hommes qui ne me font pas rêver. Il ne m'a ja-
mais paru flagrant que les filles séduisantes s'éclataient
tant que ça. Je me suis toujours sentie moche, je m'en
accommode d'autant mieux que ça m'a sauvée d'une vie de
merde à me coltiner des mecs gentils qui ne m'auraient
jamais emmenée plus loin que la ligne bleue des Vosges.
Je suis contente de moi, comme ça, plus désirante que
désirable.
J'écris donc d'ici, de chez les invendues, les tordues, celles
qui ont le crâne rasé, celles qui ne savent pas s'habiller,
celles qui ont peur de puer, celles qui ont les chicots pourris,
celles qui ne savent pas s'y prendre, celles à qui les hommes
ne font pas de cadeau, celles qui baiseraient avec n'importe
qui voulant bien d'elles, les grosses putes, les petites sa-
lopes, les femmes à chatte toujours sèche, celles qui ont des
gros bides, celles qui voudraient être des hommes, celles qui
se prennent pour des hommes, celles qui rêvent de faire
hardeuses, celles qui n'en ont rien à foudre des mecs mais
que leurs copines intéressent, celles qui ont un gros cul,
celles qui ont les poils drus et bien noirs et qui ne vont pas se
faire épiler, les femmes brutales, bruyantes, celles qui
cassent tout sur leur passage, celles qui n'aiment pas les
parfumeries, celles qui se mettent du rouge trop rouge, celles
qui sont trop mal foutues pour pouvoir se saper comme des
chaudasses mais qui en crèvent d'envie, celles qui veulent
porter des fringues d'hommes et la barbe dans la rue, celles
qui veulent tout montrer, celles qui sont pudiques par
complexe, celles qui ne savent pas dire non, celles qu'on
enferme pour les mater, celles qui font peur, celles qui font
pitié, celles qui ne font pas envie, celles qui ont la peau
flasque, des rides plein la face, celles qui rêvent de se faire
lifter, liposoucer, péter le nez pour le refaire mais qui n'ont
pas l'argent pour le faire, celles qui ne ressemblent plus à
rien, celles qui ne comptent que sur elles-mêmes pour se
protéger, celles qui ne savent pas être rassurantes, celles qui
s'en foutent de leurs enfants, celles qui aiment boire jusqu'à
se vautrer par terre dans les bars, celles qui ne savent pas se
tenir; aussi bien et dans la foulée que pour les hommes qui
n'ont pas envie d'être protecteurs, ceux qui voudraient l'être
mais ne savent pas s'y prendre, ceux qui ne savent pas se
battre, ceux qui chialent volontiers, ceux qui ne sont pas am-
bitieux, ni compétitifs, ni bien membrés, ni agressifs, ceux qui
sont craintifs, timides, vulnérables, ceux qui préféreraient
s'occuper de la maison plutôt que d'aller travailler, ceux qui
son délicats, chauves, trop pauvres pour plaire, ceux qui ont
envie de se faire mettre, ceux qui ne veulent pas qu'on
compte sur eux, ceux qui ont peur tout seuls le soir.
Parce que l'idéal de la femme blanche, séduisante mais pas
pute, biem mariée mais pas effacée, travaillant mais sans
trop réussir, pour ne pas écraser son homme, mince mais
pas névrosée par la nourriture, restant indéfiniment jeune
sans se faire défigurer par les chirurgiens de l'esthétique,
maman épanouie mais pas accaparée par les couches et les
dévoirs d'école, bonne maîtresse de maison mais pas
bonniche traditionnelle, cultivée mais moins qu'un homme,
cette femme blanche heureuse qu'on nous brandit tout le
temps sous le nez, celle à laquelle on devrait faire l'effort de
ressembler, à part qu'elle a l'air de beaucoup s'emmerder
pour pas grand-chose, de toute façon je ne l'ai jamais
croisée, nulle part. Je crois bien qu'elle n'existe pas. (...)"


Um longo excerto de "King Kong théorie", o novo livro de
Virginie Despentes, acabado de sair em França, mais de dez
anos depois de "Baise-moi", novela mais tarde adaptada ao cine-
ma pela própria autora, e cuja assinatura se estendeu também à
realização, num filme que acabou por gerar, à epoca (corria o ano
dois mil, creio), um enorme escândalo e um intenso e polémico
debate a propósito da classificação etária a estabelecer para o seu
visionamento nas salas.
Este veio também para abanar as coisas...

2 Comentários:

Blogger MOLOI LORASAI disse...

EU ESCREVO... ELA NÃO EXISTE.
pensei em traduzir tudo mas não sou pago para isto!

11 outubro, 2006 12:26  
Blogger MOLOI LORASAI disse...

porém percebo que alguém possa achar mais interessante as olimpíadas dos deficientes do que o Mundial de futebol.

11 outubro, 2006 12:58  

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