16 maio, 2006

anos-luz

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(sobre foto de Édouard Boubat, do livro "Lella", edição Paris
Audiovisuel/Maison Européenne de la Photographie, 1998)


"LE BAISER VOLÉ"
Aujourd'hui, il y a une lumière particulière.
Maintenant elle est frissonnante.
Cette lumière vient de parcourir (dans l'obscurité) des millions et des

millions des kilomètres pour éclairer cet arbre, ce visage.
Quelquefois une autre lumière nous touche; d'où vient-elle?
Dans un conte, l'oiseau dessiné s'envole du papier. Mais l'oiseau
photographié poursuit son vol.
Pris et Preneur sont unis dans l'instant sublime de la prise de vue, puis

chacun va son chemin.
Après la guerre j'ai encore vingt ans. Tout est possible. J'ai faim de vivre.
Le dimanche je me promène avec les amies de ma soeur. Les jeunes filles

en fleurs sortent de l'école de dessin.
Nous allons au concert du Châtelet en suivant les quais de la Seine.
Nous ne vivons pas une histoire; nous sommes dans notre propre vie,

innocents.
Nous ne nous regardons pas vivre.
J'ai vendu mes grands dictionnaires pour acheter un Rollei. Je ne choisis pas

d'être photographe. Nous sommes dans nos photos. Je m'embarque dans
cette aventure sans carte, sans référence, sans garantie, sans métier (est-ce
vraiment un métier?). Plus tard on me demandera souvent: "Comment
avez-vous commencé?"
(...)
"Un début dans la vie", un titre de Balzac.
Quand on me demande mon secret, je devrais répondre: je chéris les

commencements; les matins de ciel bleu dans une ville étrangère; une faim
nouvelle.
(...)
"En avant: route", Rimbaud.
En poésie il n'y a ni commencement ni fin. Et la photographie partage ce
privilège. Simplement la saisie de l'instant.
Salut l'histoire! Il n'y a plus d'histoire (je veux dire: pas de déroulement, pas
de roman).
Seulement des éclairs, des éclats de lumière.
Une ouverture vers l'infini.
Ce signe 8 (mystère) gravé sur l'objectif.
Tes photos, tu ne les fais même pas, elles sont volées; comme un baisier volé;
avec ton désir et le consentement (non avoué) de l'autre. Plus de vis-à-vis.
Embrasseur et embrassée s'unissent. Photographe et photographiée se
devinent dans la photographie.
Plus tard le photographe (comme un voleur de temps) court encore vers
l'instant irrattrapable.

Édouard Boubat,
3 juillet 1986

1 Comentários:

Blogger isabel mendes ferreira disse...

uma escolha exemplar...de tanta beleza....!


____________________e obrigado. pela visita. :)

16 maio, 2006 09:57  

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